vendredi 30 mai 2008

Les prédateurs de la culture sont au travail, parfois sournoisement, parfois ouvertement: Emilie Valantin se voit couper les vivres et le gîte à Montelimar par une municipalité peu respectueuse de son travail et de l’apport de sa présence dans cette ville depuis 33 ans.
Nous avons connu le même scénario à Epinal il y a quelques années. La situation pour les Compagnies devient de plus en plus difficile, et la désinvolture des élus et des pouvoirs publics est de plus en plus évidente.

Au dela du soutien que nous souhaitons apporter à notre amie Emilie, c’est de la crise de toute la profession qu’il s’agit.
Saurons nous réagir ? Il y a urgence.
La prudence de nos organisations professionnelles est-elle raisonnable ?
Nous exprimerons nous quand il sera trop tard ?

samedi 10 mai 2008

COUP DE GUEULE

La DRAC Ile de France a reconduit notre convention pour trois ans. Reconduit, le mot n’est pas très exact, car nous subissons une baisse de 12% de nos subventions (et non pas les 6% annoncés par la Ministre). Eh oui, comme le demande le Président de la République,, les artistes contribuent à l’effort national, ce qui n’est pas le cas des députés qui se sont attribués une retraite exorbitante. Les Compagnies, les intermittents, le monde de la culture, les chercheurs,les enseignants, tout ceux qui ne sont pas immédiatement rentable, assistent à un désengagement de l’Etat. Et curieusement, la mobilisation est extrêmement faible. On ferme sa gueule.
Les malades sont priés de combler le trou de la sécu, et les malades ne peuvent que fermer leur gueule.
La junte militaire birmane refuse l’aide humanitaire et l’ONU ferme sa gueule.
La famine touche la moitié de l’humanité, les denrées alimentaires se raréfient, la bourse spécule sur les matières premières et sur le pétrole, et le monde ferme sa gueule.
Les mafias russes et chinoises règnent sur la planète, et les démocraties ferment leur gueule.
Une partie du monde est en guerre, l’autre partie fabrique des armes et se frotte les mains, et nous fermons notre gueule.
Les Tibétains sont maltraités, et le comité olympique ferme sa gueule.
Les sans papiers sont renvoyés chez eux, l’Europe ferme ses frontières, et les européens ferment leur gueule.
Notre Président fait un procès d’intention à la presse, et les citoyens ferment leur gueule.


Et un jour, on voudra l’ouvrir.
Mais on aura perdu l’usage de la parole.

Alors, on utilisera le langage des signes.
Des signes forts, qui bousculent, qui mobilisent, qui interrogent la pseudo démocratie dans laquelle nous vivons, la pseudo liberté que nous croyons avoir, la soi-disant solidarité qui n’est qu’un leurre.
L’heure ne sera plus à la résistance, mais au courage « d’élever l’impuissance à l’impossible » selon la belle formule de Lacan cité par Alain Badiou.
Des signes forts comme l’abolition des frontières, la mise en commun des ressources et des richesses, la culture des diversités, la recherche d’une démocratie directe.
Mais devrons nous attendre que les économies s’effondrent et que l’humanité touche le fond pour réagir et lancer un signe d’espoir, d’humanisme et de solidarité mondiale ?