lundi 25 août 2008

IL VA FALLOIR CHOISIR

Il va falloir choisir

Entre spectateur et citoyen
Entre consommateur et décideur
Entre mondialisation et mondialité
Entre Charybde et Scylla
Entre le Président Chinois et le Dalaï Lama
Entre démocratisation et démocratie
Entre poire et fromage
Entre économique et économie
Entre intermittence et permanence
Entre spectacle de rue et spectacle dans la rue
Entresort et entrebaille
Entre la vie et la survie
Entre hobby et lobby
Entre le bœuf et l’âne gris
Entre la gauche de droite et la droite de gauche
Entre passivité et résistance
Entre Eros et Thanatos
Entre l’écorce et l’arbre
Entre chien et loup
Entre d’où on vient et où on va.

Il faut choisir.



SPECTATEUR OU CITOYEN

Le théâtre grec est à l’origine de notre théâtre. Oui, mais quel théâtre Grec ? : celui de la poétique d’Aristote, ou celui des grandes Dionysies ? N’avons-nous pas gardé uniquement la forme littéraire et codifiée de la tragédie grecque, au détriment du rituel qui rassemblait et unifiait la cité ? C’est la thèse de Florence Dupont, dans « Aristote ou le vampire du théâtre occidental » (Ed. Aubier), thèse décapante et formidablement éclairante sur une possible évolution de notre théâtre, tellement compassé, figé dans sa forme, où, dit-elle, l’ennui poli apparaît trop souvent.
Au travers du théâtre, c’est toute la question de la société et de la démocratie qui se pose. C’est le statut du citoyen : est-il considéré comme tel, comme un être responsable et agissant, ou comme un simple spectateur qui assiste au mieux, subit plutôt, la tragédie ou la farce politiques qui se déroule devant les yeux. Le citoyen est muet, infantilisé, et l’on voudrait lui faire croire qu’un bulletin de vote tous les cinq ans va lui permettre d’infléchir une politique qui lui échappe totalement.
Il en va de la politique comme de la culture : une véritable démocratie transformera des spectateurs en citoyens, et le spectacle en rituel profane, en fête, en célébration collective. Cela passe par une volonté réelle d’organiser les lieux et les temps de la réflexion, de l’échange et de l’éducation, de la culture civique et du débat politique.

Il est nécessaire de démocratiser la démocratie, la politique et la culture. Voilà l’Utopie, délicate à réaliser, entre le diktat des professionnels de la politique et de la culture, et la dérive possible vers le populisme.

C’est par une forte participation du citoyen que cette utopie pourra se réaliser, en ouvrant des chantiers de réflexion et d’action dans les deux domaines, de la politique et de la culture.

Pendant longtemps on a raisonné, pour le secteur politique, en terme de « service public ».
Après l’ère Jeanne Laurent et André Malraux, nous devons aborder une ère de démocratie culturelle où le citoyen ne sera plus un assisté, tributaire du « service public », mais un « actant » de la vie culturelle.
Pour réaliser cette évolution et ce projet ambitieux, le théâtre de rue peut jouer un rôle d’éclaireur, d’ouvreur de piste. Nous y oeuvrons avec la création du Festival de Colportage d’Epinal il y a 25 ans, l’apparition des Padox en 92, et je vais modestement essayer de contribuer à son développement au sein du Conseil d’administration de la SACD. Les arts de la rue se situent dans l’interaction, la confrontation avec le public le plus large, avec inventivité et générosité. Il ne doit pas se limiter aux seuls festivals, tellement nécessaires pour faire émerger les spectacles et les Compagnies, mais parfois transformés en faire-valoir de municipalités en quête de reconnaissance populaire. Il a besoin de se développer dans des actions de terrain, dans un frottement permanent avec le spectateur qui n’est plus considéré comme un consommateur, mais comme un citoyen responsable et partenaire.

Notre prochain chantier avec les Padox sera en Corée du Sud, dans un quartier de Séoul, Guro, où nous interviendrons du 20 au 28 septembre 2008.
De très nombreux projets pour 2009 que nous détaillerons dans la prochaine gazette .

Amicalement
Dominique Houdart

vendredi 30 mai 2008

Les prédateurs de la culture sont au travail, parfois sournoisement, parfois ouvertement: Emilie Valantin se voit couper les vivres et le gîte à Montelimar par une municipalité peu respectueuse de son travail et de l’apport de sa présence dans cette ville depuis 33 ans.
Nous avons connu le même scénario à Epinal il y a quelques années. La situation pour les Compagnies devient de plus en plus difficile, et la désinvolture des élus et des pouvoirs publics est de plus en plus évidente.

Au dela du soutien que nous souhaitons apporter à notre amie Emilie, c’est de la crise de toute la profession qu’il s’agit.
Saurons nous réagir ? Il y a urgence.
La prudence de nos organisations professionnelles est-elle raisonnable ?
Nous exprimerons nous quand il sera trop tard ?

samedi 10 mai 2008

COUP DE GUEULE

La DRAC Ile de France a reconduit notre convention pour trois ans. Reconduit, le mot n’est pas très exact, car nous subissons une baisse de 12% de nos subventions (et non pas les 6% annoncés par la Ministre). Eh oui, comme le demande le Président de la République,, les artistes contribuent à l’effort national, ce qui n’est pas le cas des députés qui se sont attribués une retraite exorbitante. Les Compagnies, les intermittents, le monde de la culture, les chercheurs,les enseignants, tout ceux qui ne sont pas immédiatement rentable, assistent à un désengagement de l’Etat. Et curieusement, la mobilisation est extrêmement faible. On ferme sa gueule.
Les malades sont priés de combler le trou de la sécu, et les malades ne peuvent que fermer leur gueule.
La junte militaire birmane refuse l’aide humanitaire et l’ONU ferme sa gueule.
La famine touche la moitié de l’humanité, les denrées alimentaires se raréfient, la bourse spécule sur les matières premières et sur le pétrole, et le monde ferme sa gueule.
Les mafias russes et chinoises règnent sur la planète, et les démocraties ferment leur gueule.
Une partie du monde est en guerre, l’autre partie fabrique des armes et se frotte les mains, et nous fermons notre gueule.
Les Tibétains sont maltraités, et le comité olympique ferme sa gueule.
Les sans papiers sont renvoyés chez eux, l’Europe ferme ses frontières, et les européens ferment leur gueule.
Notre Président fait un procès d’intention à la presse, et les citoyens ferment leur gueule.


Et un jour, on voudra l’ouvrir.
Mais on aura perdu l’usage de la parole.

Alors, on utilisera le langage des signes.
Des signes forts, qui bousculent, qui mobilisent, qui interrogent la pseudo démocratie dans laquelle nous vivons, la pseudo liberté que nous croyons avoir, la soi-disant solidarité qui n’est qu’un leurre.
L’heure ne sera plus à la résistance, mais au courage « d’élever l’impuissance à l’impossible » selon la belle formule de Lacan cité par Alain Badiou.
Des signes forts comme l’abolition des frontières, la mise en commun des ressources et des richesses, la culture des diversités, la recherche d’une démocratie directe.
Mais devrons nous attendre que les économies s’effondrent et que l’humanité touche le fond pour réagir et lancer un signe d’espoir, d’humanisme et de solidarité mondiale ?

mercredi 30 avril 2008

LA MORT DE MOLIÈRE
Anesthésie, inconscience ou lâcheté? Quand on voit la profession du théâtre applaudir Jean-Claude Houdinière rendant hommage à la Ministre de la Culture sans la moindre réaction dans la salle, Michel Galabru chanter la gloire des "navets" qui l'ont fait vivre, l'absence de la moindre allusion à loa situation préoccupante
du théâtre, des Compagnies, des intermittents, lors des interventions des récipiendaires des Molières, l'indigence des sketchs, l'omniprésence du Roi Lion, show américain ,anesthésie, inconscience ou lâcheté, certes, mais on peut imaginer que cette cérémonie funèbre , véritable enterrement d'un certain théâtre, ne refletait pas la réalité du théâtre qui bouge, qui parle de notre époque, qui malgré les difficultés grandissantes et un Etat démissionnaire , se bat sur le terrain de la culture et de la démocratie.
Les "Molières" sont les branches mortes du théâtre qui cachent un arbre porteur de fruits.

dimanche 27 avril 2008

Nous revenons de créer notre spectacle Padox consacré à l’immigration en Norvège, et très prochainement nous vous enverrons un compte rendu de ce travail .
Mais dans l’immédiat, il y a une urgence.
Nous vous appelons tous, artistes, journalistes, public, à manifester le 1er mai pour dire à quel point la vie culturelle de notre pays est menacée.
Nous serons présents au défilé, avec le collectif des ours. Venez nous rejoindre.
Merci de lire le communiqué ci-dessous, de télécharger le masque d’ours et de vous en munir.
Ces masques peuvent se retrouver dans tous les défilés du 1er mai.
Amicalement
Padox
Pour en savoir plus long, allez sur le blog des ours:
http://lesours.blogspirit.com/
PADOX, depuis sa création en 1986, a représenté l’autre, l’étranger, celui qui vient d’ailleurs. Petite marionnette en théâtre noir, il a grandi et est devenu une marionnette habitable de taille humaine, jouant par trois dans la rue, créant l’émotion, la tendresse et le contact dans les quartiers réputés difficiles.
Puis multiplié par 40, il a envahi les rues des cités, les festivals, joué par des comédiens amateurs formés par la Compagnie et recrutés dans les villes qui nous invitaient, en France, en Norvège, Italie, République Tchèque, Canada, avec des détenus au Brésil.
Avec eux nous avons créé des événements dans les rues, et joué dans des théâtres les « Quatre saisons » de Vivaldi.

Nouvelle étape, les 40 Padox jouent le grand drame de notre époque, l’immigration.

Conséquence de la fracture Nord/Sud, et de l’inégalité de destin monstrueux entre les êtres humains, le phénomène de l’émigration et de l’immigration touche tous les peuples.
Les migrations internes comme l’exode rural ont toujours existé, mais ce mouvement, qui était naturel pour l’homme primitif, s’est internationalisé, la grande différence étant que l’obstacle « frontière » et « Etat » freine le phénomène migratoire équilibrant et naturel. Cela pose le problème de l’égale liberté de circulation pour tous et de la redistribution équitable des richesses mondiales.

L’émigration est actuellement une illusion qui se transforme en drame, l’insertion se bornant le plus souvent à des petits boulots ou à du chômage, quand il n’y a pas de reconduite à la frontière, et l’immigration se heurte très souvent à la crispation des populations locales.
Le fait migratoire est devenu un enjeu grandissant des relations internationales et des consciences individuelles.

Avec les Padox, nous tentons de donner une image sensible de ce fait de société en jouant le destin d’un groupe qui quitte son territoire, poussé par la faim et la sécheresse, bercé par l’illusion d’un avenir meilleur.

Nous venons de créer le spectacle le 19 avril à Oslo, avec 25 immigrés dans un dispositif de théâtre noir, fable de l’espoir et de la douleur de l’immigration.
26 avril 2008, ouverture du blog de Padox.